lundi 15 avril 2013

CENT QUATRE VINGT QUINZIÈME SEMAINE DU LUNDI 8 AU DIMANCHE 14 AVRIL 2013

Mardi, nous repartons de Hampton avec le frigo plein et surtout beaucoup de fruits et légumes frais.
Départ 8h. Nous appréhendons assez ces deux jours à venir car il va falloir passer le Cap Hatteras qui est connu pour être assez difficile.
La navigation se fera en totalité au moteur. Vent fort de face, houle assez forte, vagues de côté…..tout est là pour nous empêcher d’apprécier ces moments. Heureusement, le ciel est complètement découvert et les températures dans la journée dépassent les 20°. Ce n’est malheureusement pas le cas la nuit. Nous ressemblons à des bonshommes Michelin. Trois à quatre épaisseurs de polaires…..mais l’humidité est persistante….
La météo annonce une forte dépression à venir pour jeudi et vendredi.

Nous décidons donc de nous arrêter à Morehad (Nord Caroline). Nous y arrivons jeudi matin très tôt.
Bien nous en a pris car le moteur tribord chauffe et nous sommes obligés de finir la navigation avec un seul moteur.
Ces moteurs ne sont pas fait pour fonctionner 24h sur 24!
Nous remontons le chenal menant à la Marina municipale où nous pensons tout d’abord faire du gasoil ensuite nous mettre à l’abri du gros coup de vent annoncé et enfin réparer le moteur défectueux. (rouet de pompe a eau).
Et c’est au moment d’essayer de s’amarrer au ponton que Jmi saute pour essayer de l’atteindre (comme il fait d‘habitude), dérape et tombe à l’eau.
Il hurle…. j''ai le bras cassé…..moi sur le bateau qui ne tient qu’à un bout de cordage…..je hurle, appelle au secours…..Jmi ne peut rien faire, même pas essayer de remonter, son bras gauche est à l’équerre et l’eau est glacée. Il n’y a que nous, pas d’autres bateaux…..
En entendant nos cris, des employés du bureau situé sur la rive et des promeneurs accourent.
Ils sont 6 ou 7 à essayer de remonter Jmi, mais peine perdue.
Un homme prend sont portable et appelle les secours.
D’autres essaient de m’aider à amarrer le bateau. Je lance des cordages, mais je n’ai qu’une seule peur c’est d’écraser Jmi entre le bateau et le ponton.
Deux camions de secours arrivent. Les hommes essaient tant bien que mal de remonter Jmi qui crie de douleur. Impressionnant de voir son avant bras à l’opposé de l’endroit où il devrait être.
Pendant ce temps, nous arrivons à amarrer le bateau. Tous ces gens ne sont pas des professionnels et ils font ce qu’ils peuvent.
Au niveau de Balafenn, tout rentre dans l’ordre.
Pendant ce temps, les secouristes ont mis Jmi sur un brancard et commencent à l’emmener vers le camion. Il est mis aussitôt sous morphine et on lui met des tuyaux partout.
Je n’arrive pas à me calmer. Les gens me soutiennent physiquement et psychologiquement.
Ils sont tous d’une gentillesse incroyable et malgré la barrière de la langue ils m’aident à préparer des vêtements secs et nos papiers d’identité.
En route vers l’hôpital qui se situe à environ un quart d’heure de là.
Pour l’anecdote, c’est la première fois que je monte dans ce genre d’engin.
Jmi est conduit immédiatement aux urgences et pris en charge sur le champ.
Je dois rester là, ils ne veulent pas que je retourne chercher sur le bateau tous les documents que, dans la panique, j’ai oubliés de prendre.
Pendant toute la matinée, nous verrons défiler plusieurs infirmiers et infirmières qui seront tous et toutes d’une gentillesse extrême. Ils essaient de tout faire pour calmer la douleur de Jmi.
Au bout d’un moment arrive le Médecin Urgentiste. D’après les radios (3) et les scanners (2) il s’avère qu’il y aurait des fêlures voir des fractures au niveau du coude.
Dans l’après midi la morphine ne fait plus grand effet.
Le Médecin arrive avec deux autres personnes et me demande de sortir de la chambre.
Jmi ne se rappelle pas du tout de ce qui s’est passé, mais quelques instants plus tard, je peux revenir et retrouve Jmi soulagé, le bras a repris sa position initiale et est entouré d’une sorte de plâtre.
Qu’ont-ils pu lui administrer pour pouvoir effectuer ces manipulations douloureuses en si peu de temps?
Pour pouvoir comprendre ce que l’on nous dit où à l’inverse les questions que nous voulons poser, ils utilisent via Internet un système de traducteur américain réservé aux hôpitaux .
Les différentes personnes qui nous servent d’interprètes sont souvent des africains ou des latinos.
Vers 17h, nous sortons enfin de ce bâtiment et Jmi porte une sorte de jolie écharpe bleue ciel assortie à son teint hâlé pour maintenir son bras.
Il n’est pas question d’opération pour le moment et nous devrons aller consulter un spécialiste des os le plus rapidement possible pour qu’il donne son avis.
Il nous faudra également revenir demain matin pour effectuer les démarches administratives.
Pourvu que l’assurance que nous avons prenne en charge les frais engendrés par cette journée aux  urgences.
Il faudra s’arrêter dans une pharmacie afin d’acheter un médicament pour la douleur.
Il s’avérera que ce sera une sorte de ‘Narcotique’ et que pour l’obtenir (malgré l’ordonnance du Médecin) je vais être obligé de donner ma pièce d’identité et signer une attestation sur l’honneur comme quoi ce médicament ne sera jamais donné à personne d’autre. Jmi va-t-il voir des éléphants roses?

Vendredi, la nuit a été bonne et étonnement il ne souffre pas trop. Les médocs doivent vraiment être costauds!!
Le temps est désastreux. La pluie ne cesse de tomber, le vent souffle avec des rafales de plus de 30 nœuds. Nous attendons une toute petite accalmie et partons vers les bureaux de la Marina afin d’enregistrer comme il se doit notre bateau.
Là aussi, tout le monde est très attentionné, notre aventure a parcouru les marinas…
Sympa les gens, la preuve: un couple nous à donné son numéro de mobile pour nous servir de taxi, un homme habitant sur le quai nous a offert une bouteille de vin.!!!
Puis nous repartons vers l’hôpital. Après quelques instants d’attente, nous apprenons avec grand soulagement que tout est pris en charge par l’assurance et que nous n’avons pas un dollar à débourser…..ouf!  Nous ne connaissons pas le montant de ces différentes interventions et nous ne voulons pas le savoir……
Nous croisons le Médecin qui s’est occupé de Jmi et qui nous précise que ce sera très long et qu’il faut absolument aller voir le spécialiste la semaine prochaine.
Maintenant nous sommes deux handicapés pour monter sur le bateau.
Le responsable de la Marina qui nous a réservé un chaleureux accueil nous a prêté une sorte de petit escabeau qui va bien nous aider à gravir la coque toujours trop haute..
La pluie a cessé mais le vent est toujours aussi fort. Nous espérons que cela va se calmer assez rapidement. Heureusement que nous ne sommes pas en mer!
Nous ne pourrons pas être à Miami pour le 18, date à laquelle nous devions récupérer Sylvie et Alain et nous en sommes très déçus et tristes.
Combien de temps allons nous rester bloqués ici? Plusieurs semaines certainement.
Pas question de reprendre la mer tant que Jmi n’a pas retrouvé l’usage normal de son bras.

La fin de la semaine va se passer calmement. Le temps est redevenu beau et la chaleur commence à revenir.
Je dois apprendre à aider Jmi pour faire les choses de tous les jours. Se vêtir déjà n'est pas une mince affaire avec un seul bras......couper de la viande.......attacher ses lacets......j'en passe et des meilleurs!!
Ils annoncent de nouveau du mauvais temps pour demain lundi avec beaucoup de pluie et de vent.
Quelle poisse.